Il est décédé le 18 mai 1985 à Port-au-Prince
Musicien créatif, chef d'orchestre, compositeur. C'est aussi l'inventeur patenté du "Konpa direk", le rythme urbain, contemporain le plus célèbre du terroir.
Nemours est sans doute la figure la plus emblématique, la plus adulée et, aussi la plus controversée de la musique haïtienne moderne. Et pourtant, comme tous les grands de toutes les époques et de partout; il n'avait qu'une idée, faire de la musique. Et même s'il s'est révélé parmi les plus doués de sa génération, il sera ainsi dans la foulée d'une pléiade d'innovateurs. Il est aussi le baroudeur chargé de déblayer le terrain pour se placer impérialement à l'avant-garde d'une époque sans précédent, d'où il a su mettre en oeuvre son génie pour gratifier du "konpa dirèk", le plus dansé des rythmes urbains du terroir. Ainsi différemment des: Chuck Berry, Little Richard etc; ces initiateurs du rock & roll qui se sont fait approprier de leur invention., Nemours lui même assuma la responsabilité de sa progéniture dès les premiers balbutiements. Même si son impact fut aussi minimisé par ses compétiteurs de l'époque, jaloux sûrement qu'il leur ait volé la vedette; cherchant même à confondre astucieusement le public sur la vraie origine du "compas-driver" Durant la deuxième décennie du 20e sc; un nouveau roi naquit à la rue des Fronts Forts. Quartier d'anciens combattants, chevaliers sans peur..; sambas et simbies, conquérants et aspirants. Et d'un pionnier de souche, en effet l'ombre de Mr François Guignard, maître musicien, domine le voisinage du petit Nemours. Car entre ses multiples responsabilités familiales. "père Guignard" s'attale aussi à la revalorisation de la musique de climat, avec son groupe bastringue <
C'est Nemours, proche ami de son fils Aîné Félix "féfé" Guignard. Son père cordonnier travaille pour l'éduquer en compagnie de son frère Monfort et de sa soeur Altagrace. Entre temps, l'adolescent Nemours s'applique aux études et pratique occasionnellement le métier de coiffeur. Tout en continuant avec "féfé" un duo de trouvères, doté de banjo et d'accordéon qui s'en va sérénader différends recoins du pays. Il continue à traîner dans l'entourage du <
Malgré tout, il finit par s'imposer en maestro et, pour n'en vouloir faire qu'a sa tête, il est éjecté du groupe par un noyau constitué de son frère, le contrebassiste Monfort, sous la menée du trompettiste Kesnel Hall. Cette affaire tourna au chaud, lorsque c'est sous la demande d'un tribunal, que le maestro novice rendit le sax alto qu'il avait confisqué. Amer, il s'en va former l'<
Nouveau rythme trépidant qui alla déboucher sur une symbiose du tempo ternaire de souche autochtone. Une meringue syncopée à subdivision binaire, d'orientation simplifiée, dite <
Nemours fut aussi le premier à intégrer les instruments amplifiés, dont la basse et guitare électriques, jamais encore utilisées dans le music hall local. Au lieu de célébrer ses innovations, ses concurrents le taxèrent d'imposteur. Mais, continuant allègrement son chemin, le maestro n'en démordit point, il était convaincu d'avoir trouvé les formules d'un public qui lui sut gré d'avoir livré la marchandise au moment opportun. En effet, dès 1955, le konpa était lancé à la conquête de toutes les couches sociales du pays. Entre-temps c'est la rupture avec Jean Numarque, et le maestro introduit pour la première fois son ensemble le 29 juillet 1955, sur la place Ste Anne. Flanqué de Kretzer, Mozart, Richard Duroseau Thadal, Tallès, Briol, R. Gaspard, Domingue, Napoléon, D. Boston, Lahens, P. Blain etc. Cependant, comme tout nouveau conquérant, il était sans cesse en butte aux assauts des compétiteurs. D'abord le <
Car à l'époque, les groupes locaux n'enregistraient presque pas, alors que s'écoulaient sur le marché local, les vinyls, 78 et 33 tours des groupes latins divers tels: <<>>, Perez Prado, Celia Cruz le <
Ainsi, Nemours, musicien et compositeur de flair, multi-instrumentiste et showman, a vite compris tout cela, et bien mieux que personne. Il endigua le flot de paramètres d'outre-mer et, relégua à l'arrière scène les meilleurs musiciens du moment. Comme saxophoniste même s'il n'est pas de la catégorie des virtuoses, il se permettait quand même de longs solos, de son sax ténor. Son jeu basé sur la justesse et la fluidité du tempo avec, de surcroît, les accommodements essentiels d'un apport mélodique et rythmique firent de lui un maestro et arrangeur complet.Trônant allègrement, même à l'extérieur, il fit du konpa un rythme à part entière, au même titre que les multiples rythmes d'Haïti. Après avoir régné durant un lustre avec son orchestre, Nemours devait faire face dès la fin des années 1960, à la montée des mi-jazz, qui éventuellement lui ravirent son public jeunot. Ayant eu administré ce revers au <
Notamment, au club "Casa Boriquen" de Brooklyn et "Casa Caribe" a Manhattan. il revint immédiatement au pays, usé, livré à lui-même, la vue endommagée. il essaya tant bien que mal de reconstituer un groupe sous le nom de "Super combo", et se payait même le luxe d'un ultime succès avec le morceau gason nou nan ka. Mais ce ne fut pas le même enthousiasme chez les adeptes, et les sérieux problèmes économiques dus à l'absence d'un système de retraite ou d'assurance, n'étaient pas pour arranger les choses. Quelques compatriotes essayèrent d'établir une suscription à son nom, dans le but de l'aider à couvrir les frais d'une intervention chirurgicale à l'étrager. Son et compétiteur des jours de gloire, Wébert Sicot, avec lequel il produisit un dernier album: "Union", l'accompagna dans cette dernière tentative de restaurer sa vision. Il finit neanmoins par sombrer dans la cécité. Ce monument de la musique haïtienne connut une fin marquée de privations. La commercialisation de ses innombrables oeuvres aurait une retraite paisible dénuée de tout souci matériel. Hélas, ce compositeur prolifique a été littéralement pillé: groupe et artistes dominicains et porto-ricains ont interprété ses composition, et la plupart, n'ont même pas eu la décence de les lui accréditer. En léguant le konpa dirèk Nemours traça un chemin qui l'a amené dans la légende de la musique nationale par la grande porte. A l'instar d'un Occilus Jeanty, le père de l'écriture orchestrale haïtienne, d'un A. Bruno, d'un J. Elie, ou encore d'un F. Guignard, d'un Sahieh, d'un Antal Cidas etc, il a été à la source de l'authenticité, de l'originalité et de la renaissance des rythmes natifs. Parmi tous ces géants qui ont montré la voie, Nemours fut l'un des plus déterminants. Il illustra une approche toute personnelle et fit la différence entre sophistication, inventivité et parfois même, l'austérité, des groupes: <
Source : Image Nouvelle
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